J’ai accouché sans péridurale

Del City Et oui, ça existe des dingues qui accouchent sans péridurale, au 21ème siècle, pour leur premier enfant qui plus est. J’en suis la preuve vivante!

Mais qu’est-ce qui m’a pris? Pourquoi?
Je voulais savoir ce que c’était, vivre les sensations de l’accouchement, activité exclusivement féminine et nécessaire à la survie de l’espèce ;op Parce que ne pas sentir mon enfant sortir de mon corps me paraît aberrant. Parce que ce ne sont pas aux sage-femmes et médecins de me dire quand pousser mais mon bébé et mon corps. Et puis la péridurale, à l’échelle mondiale n’est pas si utilisée: solidarité féminine aussi, un peu jejeje

J’ai choisi d’accoucher à la maternité de Port-Royal:

• pour la proximité géographique
• parce que ma sœur et une amie ont accouché là-bas et qu’elles étaient contentes du service et des chambres
• parce que si quelque chose se passe mal, pour la mère comme pour l’enfant, les médecins peuvent tout faire sur place, donc je reste quand même avec mon enfant si ça tourne mal
• parce qu’il y a une salle nature dédiée aux accouchements sans péridurale: elle est grande, il y a une baignoire, un poste de musique, des sangles, un lit immense, une déco sympa. Il n’y a pas de ventilation au-dessus de moi, ni d’odeur de médicament

Je me suis un peu préparée pour accoucher sans péridurale avec une sage-femme libérale lors de séances de préparation à la douleur et de détente. J’arrivais donc à m’assoupir entre 2 contractions et ainsi garder le plus possible mes forces pour pousser! Et vu le temps que ça a duré… « Madame, vous pouvez changer d’avis si vous voulez une péridurale »… « nooooooooooooonnnnn »!!

Je me revois dans la salle nature, dans la baignoire, pendant la contraction, à taper d’une main les parois, de l’autre je serrais celle de mon conjoint. Et dès qu’elle s’arrêtait, je somnolais, mon conjoint de même. Il devait être autour de minuit. Les contractions fortes et régulières avaient commencé vers 15h. A 23h, mon corps tremblait, mes dents claquaient. J’étais fatiguée et décontenancée par la lenteur de l’ouverture de mon col! Le bain m’a aidé à détendre mes muscles. Mais il est difficile de trouver une posture qui permette d’encaisser la douleur des contractions dans la baignoire. Le top était d’être assise sur le ballon et rouler mon popotin dessus, Billy Holiday pour m’accompagner.

Je regrette de ne pas avoir été plus préparée du point de vue de la posture du corps lors de l’accouchement. Je voulais accoucher sur le côté (obligée d’être allongée du fait d’une panne des équipement volants…). Mais la sage-femme a refusé sous prétexte que ce ne serait pas pratique pour elle. Mais qui aide qui dans l’histoire? Du coup je me suis retrouvée sur le dos, inconfortable et déboussolée. Quelle femme enceinte s’allonge sur le dos, non mais sérieux?

Il y a bien une salle nature mais les sage-femmes n’ont pas l’air d’être préparées plus que ça pour nous accompagner. Les contractions sont vraiment fortes et je ne suis pas une douillette à la base. Je les ai même trouvé violentes (les contractions ;o). Alors des encouragements auraient été les bienvenus. Au lieu de ça j’ai eu des « vous ne poussez pas bien », « poussez en bas », « allez, faut vous énerver un peu sinon il ne va jamais sortir votre fils » « votre bébé doit sortir, il va se fatiguer ». « Ahhhhhhhhhh, je ne sais pas faire, mon bébé est en difficulté par ma faute, même les vaches y arrivent mieux que moi ahhhhhh c’est quoi mon problème, je suis vraiment trop nulle, etc ». Dommage que celle qui m’a préparé n’était pas avec moi ce jour-là…

Au final j’ai poussé pendant plus d’une heure. Les sage-femmes m’ont quand même accompagné jusqu’au bout de mon désir d’accoucher naturellement. Elles étaient à la limite d’appeler un médecin pour les ventouses et compagnie. C’est pour ça qu’elles m’ont mis la pression. Merci! Et bébé allait bien. Elles suivaient son rythme cardiaque via les moniteurs. Il allait bien…. il a bien encaissé surtout, pauvre chou!

https://youtu.be/vW3TR5lqBZU

Et la sortie dans tout ça. J’ai senti, ah ça oui. La tête et les épaules surtout. Trop bizarre les sensations. D’ailleurs je n’en pouvais tellement plus (je donnais tout, les yeux fermés pour tenter de sentir et pousser efficacement après des heures de travail) que quand mon fils était sur moi il a fallut me sortir de ma torpeur: « Madame, il est là, ouvrez les yeux ». Et là des larmes de joie. Il va bien. Il est magnifique. Il est chevelu avec des petites pattes sur les tempes et du duvet sur les épaules. Un vrai petit mec. Mon bébé!

Et ce n’est pas finit. Ce magnifique bébé pèse 4kg300. Petite déchirure. Mais surtout, je fais une hémorragie. Classique lorsque l’on accouche d’un si « gros » bébé sans péridurale. On m’avait prévenu. Et là j’ai eu droit à la péridurale.

L’Aiguille surprend un peu mais ce n’est point douloureux. Suis-je objective après les heures de souffrances passées? ;o) Et puis on ne sent plus rien. C’est vraiment bizarre. Le médecin est entre mes jambes, les bras dans mon corps et je ne sens que son assistante qui m’appui sur le bide et qui me fait un mal de chien. Je leur avais pourtant bien dit que je n’étais plus à ça près ;op M’enfin. Le cul entre 2 sièges pendant 3 heures, je m’en sors avec un escarre à la fesse droite.

Voilà. On monte (avec papa et bébé) dans la chambre vers 6 heures du matin, heureux et comblés, et affamés (j’ai dû rendre mon déjeuner dans l’aventure, oups). Par contre, l’idée du 2ème enfant est mise de côté. C’est qu’il faut se remettre de tout ça. J’ai marché comme un cow-boy pendant plusieurs jours et j’ai pleuré ma douleur (ce n’était pas le baby-blues non non).
Je suis donc allée voir l’ostéopathe à 15 jours de l’accouchement, et le lendemain je ne pleurais plus. Il m’a remise dans mon corps, ouf.

Bébé aussi est allé voir l’ostéo. Enfin, on l’a emmené. C’est que bébé morfle aussi. Les contractions c’est de la pression sur son petit corps et le changement de milieu est dur a gérer. Je pense que grâce à ses 2 séances, notre fils n’a pas eu de problème de « régurgitements » ou reflux, ni de coliques, ni aucune douleur ou inconfort « normal » selon les pédiatres.

Pour le deuxième, je ferai pareil, avec une préparation posturale pour pouvoir dire zut si besoin;o)

Et pour vous, comment ça s’est passé?